Rien n’est plus merveilleux que d’avoir du temps

  • Louise Latraverse Québec Amérique

Tout pour être heureuse

J’ai dévoré ce livre en une soirée.

Pour deux raisons.

La première étant que cette femme, Priscille  Deborah, a tenté de se suicider dans le métro à Paris.

La deuxième étant que je me suis beaucoup retrouvée dans la quête artistique de cette femme.

Priscille Deborah est sortie vivante de sa tentative de suicide.  Avec ses deux jambes et son bras droit amputés.

Je ne peux faire autrement que de penser à ma sœur qui elle ne s’est pas manquée et s’est suicidée dans le métro de Montréal.

C’est la raison pour laquelle, après l’avoir vu cette femme dans une émission de télé française, j’ai décidé de lire son livre.

Je me suis demandé tellement souvent ce qui aurait pu raccrocher ma sœur à la vie.

Je voulais savoir comment cette femme y était arrivée.

Je ne sais pas si de survivre amputée de la sorte aurait calé ma sœur encore plus profondément dans sa détresse psychologique ou si elle serait rebondie comme Priscille Deborah.

Le fait est que cette femme avait une grande passion : la peinture.

Une passion qu’elle a mise de côté pendant plusieurs années de sa vie pour répondre aux attentes de ses parents, son père surtout, ses professeurs, de la société qui renvoie l’idée que l’on ne peut pas vivre de sa créativité parce que ce n’est pas sérieux comme métier.

Il lui aura fallu perdre trois membres pour se consacrer enfin à sa passion. Pour renaître et s’arrimer à son essence intérieure.

C’est là où je me reconnais. J’ai eu le même discours intérieur face à ma passion créative pendant des années. Je ne pouvais pas me laisser aller à créer comme j’aurais aimé le faire. Il me fallait payer le loyer, les factures d’électricité, l’épicerie.

Je me suis imposée une obligation de travailler et donner mon temps à des employeurs jusqu’à ce que je puisse prendre ma retraite et enfin laisser libre cours à mon côté artistique.

J’ai rongé mon os plus souvent qu’autrement. J’ai vécu beaucoup de frustration, mais aujourd’hui, je reprends le temps perdu. Je ne veux pas vivre de regrets. Alors, je prends des cours, j’expérimente, j’écris, je donne des ateliers de créativité, je tricote. Je dévore en boulimique cette période de ma vie que je veux belle et emplie d’étincelles créatives.

La Loba

Ce conte de La Loba dit qu’une vieille femme vit dans un endroit caché et que son unique tâche consiste à ramasser des os. Sa caverne est pleine d’os de toutes sortes appartenant aux créatures du désert : cerfs, serpents à sonnettes, corbeaux. Mais on la dit spécialiste des loups.

Elle arpente les montagnes, le lit asséché des rivières et les passe au crible à la recherche d’os de loups. Lorsqu’elle est parvenue à reconstituer un squelette dans sa totalité, elle s’assoit auprès du feu et réfléchit au chant qu’elle va chanter.

Quand elle a trouvé, elle se lève et, les mains tendues au-dessus de la créature, elle chante. C’est alors que la cage thoracique et les os des pattes du loup se recouvrent de chair et que sa fourrure pousse. La Loba chante encore et la bête s’incarne un peu plus; sa queue puissante et recourbée se dresse.

La Loba chante encore et la créature se met à respirer.

La Loba chante toujours, un chant si profond que le sol du désert tremble et pendant qu’elle chante, la bête ouvre les yeux, bondit sur ses pattes et détale dans le canyon.

Quelque part durant sa course, soit du fait de sa vitesse, soit parce qu’elle traverse une rivière à la nage, qu’un rayon de lune ou de soleil vient se poser sur elle, elle se transforme soudain en une femme qui court avec de grands éclats de rire vers l’horizon, libre.

On peut considérer que le travail de La Loba représente un conte, un miracle. Il nous montre ce qui est bon pour l’âme. Il nous montre que nous pouvons aller directement à la recherche de l’âme. C’est un conte de la résurrection qui parle du lien souterrain avec la Femme Sauvage. Il nous promet que par le chant, nous allons pouvoir évoquer les restes psychiques d’âme sauvage et lui redonner forme vivante.

Cette ancienne, la Vieille Qui Sait, nous la portons en nous. Elle s’épanouit au plus profond de l’âme-psyché des femmes.

  • Clarissa Pinkola Estés, extrait du livre Femmes qui courent avec les loups

J’ai vécu des passages difficiles dans ma vie où La Loba a été à l’œuvre. Elle a ramassé les vieux os morts de ma psyché pour en faire un amas et chanter au-dessus. Elle a réussi à réinsuffler de la vie dans mon âme quand une partie de celle-ci était morte.

Dans le noir de la nuit

J’entends la bête hurler

Je la croyais guérie

Pourtant, ses cris

De nouveau m’ont éveillée

Des mains d’enfants

Chaudes de tendresse

Bercent la bête

L’apaise doucement

Lentement, elle s’abandonne

Rejoint son ami le temps

Reviendra-t-elle

Guérira-t-elle

De souffrance, de chagrin

Parfois une bête s’éteint

La bête s’est éteinte, mais La Loba, la vieille femme sauvage en moi, lui a redonné la vie. Une vie plus libre. Une vie connectée à mon âme.

L’amour de la lecture

Toute petite, je voyais mon frère aîné lire les livres de Bob Morane. J’avais hâte de savoir lire pour pouvoir les lire moi aussi !

Les malheurs de Sophie de La comtesse de Ségur a été mon premier coup de cœur. J’ai tout de suite adoré l’effronterie et l’espièglerie de Sophie et je rigole toujours autant à chaque fois que je le relis. J’ai fait connaître ce livre à mon petit-fils Léon quand il avait neuf ans. Je lui lisais à voix haute même s’il savait très bien lire. J’avais un grand plaisir à lui raconter ainsi qu’à mon petit-fils Rémi plus tard les mésaventures d’une petite fille des années 1850.

À l’adolescence, j’ai lu tous les Arsène Lupin, Agatha Christie, Guy Des Cars.

Je suis devenue très vite une boulimique de lecture. Romans, poésie, intrigues, biographies, croissance personnelle, etc.

J’ai souvent vu dans une revue, une chronique qui s’appelle Ma vie en cinq livres. De mon côté, je suis incapable d’en choisir juste cinq.

Plusieurs livres ont été marquants dans ma vie. Je peux affirmer avec le recul que certains ont changé ma façon de voir la vie. M’ont aidé à développer une vie intérieure riche et créative ainsi que ma spiritualité.

C’est difficile pour moi de choisir parmi toutes mes lectures celles qui m’ont le plus touché, mais en gros voici celles qui sont en haut de ma liste.  

. Le chemin le moins fréquenté de Scott Peck

. La vie après la vie de Raymond Moody

. Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés

. De l’autre côté du miroir de Johanne Hamel

. Le journal Créatif de Anne-Marie Jobin

. Le guerrier pacifique de Dan Millman

. Vivez dans la lumière et La transformation intérieure de Shakti Gawain

. Le soin de l’âme de Thomas Moore

. La mort de Elizabeth Kubler Ross

. Le pouvoir de la colère de Harriet Lerner

Plusieurs autres auteurs m’ont aussi beaucoup apporté : Guy Corneau, Patrick Drouot, James Redfield, Julia Cameron, Patrice Van Eersel, Christophe Fauré, pour ne nommer que ceux-là. Il y en a beaucoup d’autres !

J’ai remarqué que le bon livre pour moi me tombe toujours dans les mains au moment où j’en ai besoin.

Une virée à la bibliothèque est toujours un de mes plus grands petits plaisirs !

J’ai mon rituel de lecture. Je reviens avec une pile de livres que je dispose devant moi. J’en prends un. Je regarde la jaquette du livre, le retourne pour lire le résumé. Et ainsi de suite avec les autres livres. Je fais ensuite mon choix, à savoir quel sera le premier à être lu.  Je les place ensuite par ordre de lecture.

Il m’arrive rarement d’acheter des livres. Vu que je suis une lectrice boulimique, ça me coûterait une fortune. Alors quand il m’arrive d’acheter un livre, c’est comme un trésor qui entre dans ma vie. Je le regarde, l’ouvre, je sens les pages, caresse le papier. L’odeur de l’encre et du papier m’enivre.  Quand j’achète un livre, c’est que j’ai le goût de la garder dans ma bibliothèque, j’ai envie de le lire et le relire. Il devient un compagnon qui m’accompagnera pendant un bout de ma vie.

On dit souvent qu’apprendre à lire à un enfant est un des plus beaux cadeaux que l’on peut lui faire. Je le crois aussi. Vraiment !

La danse des grand-mères

Ne sous-estime pas l’endurance de la vieille femme sage. Même déchirée et maltraitée, elle possède un autre soi sous celui qui est assiégé, un soi primaire, rayonnant et incorruptible, un soi lumineux à jamais entier. La vieille femme sage cache certainement des ailes de grande envergure sous son manteau et une forêt pliée dans sa grande poche. Elle a sous son lit des pantoufles dorées de Sept Lieues et derrière ses lunettes, elle voit tout. Le petit tapis posé devant la cheminée ne peut être qu’un tapis volant. Son châle, quand elle le déploie, doit pouvoir faire venir les chiens de l’enfer ou créer une voûte céleste constellée d’étoiles. Elle caquette tout en traversant le ciel dans la demi-coquille de son propre cœur brisé. Ses plumes se soulèvent, car elle apprend l’amour tous les jours. Le souffle de tout ce qui chante l’attire. Elle cherche à protéger l’âme de toute chose. Les oiseaux lui racontent les nouvelles secrètes dans leur chant. Ainsi a-t-elle le regard magique qui voit ce qui se trouve derrière le présent et au-delà. Comme son alter ego humain, elle vit probablement près d’une rivière chère à son cœur… à moins qu’elle n’en soit une elle-même……

  • Clarissa Pinkola Estés

Les laboureurs et les mangeurs de vent

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre. Il a échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière pendant la deuxième guerre mondiale. Un enfant que l’on a voulu tuer et qui toute sa vie a cherché à comprendre pourquoi une telle idéologie a pu prospérer.

À la lecture de ce livre, je ne peux m’empêcher aux paroles de cette chanson Né en 17 à Leidenstadt :

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d’un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j’avais été allemand ?

Bercé d’humiliation, de haine et d’ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d’un torrent

Si j’avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d’une foi, d’une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir: tendre une main

Si j’étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent
Rien ne sera comme avant

Refrain:
On saura jamais c’qu’on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L’âme d’un brave ou d’un complice ou d’un bourreau?
Ou le pire ou plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un
troupeau
S’il fallait plus que des mots ?

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d’un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j’avais été allemand ?

Et qu’on nous épargne à toi et moi si possible très
longtemps
D’avoir à choisir un camp

Paroles de Fredericks, Goldman et Jones

Cette vie…..et au-delà

Le Dr Christophe Fauré est psychiatre, psychothérapeute et auteur de plusieurs livres sur le deuil. Son livre Vivre le deuil au jour le jour m’a beaucoup aidé suite au décès de ma sœur en 2009.

Son dernier livre Cette vie….et au-delà traite des EMI (expériences de mort imminente), EFV (expérience de fin de vie), VSCD (vécu subjectif de contact avec un décédé). Elle est le fruit de ses investigations, une enquête aussi troublante que passionnante, apportant des réponses à des interrogations universelles : Qu’y a-t-il après un décès ? Notre conscience perdure-t-elle après la mort physique ? Quelle est la nature de notre conscience ?

Comme beaucoup d’humains, la hantise de la mort m’a sauté à la gorge dès mon enfance. Jusqu’à ce que je lise le livre La vie après la vie de Raymond Moody. Le récit de ces gens racontant leurs expériences pendant leur mort clinique m’a beaucoup apaisé. Plusieurs années ont passé depuis la parution du livre de Moody et plusieurs autres livres ont été publiés sur le sujet depuis. Les récits de tous ces gens ayant vécu une EMI me fascinent toujours autant et j’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce livre de Christophe Fauré.

Le Dr Fauré termine l’écriture de son livre en disant ceci : choisir l’amour, le laisser rayonner en nous et autour de nous, quels que soient les obstacles, quelles que soient les difficultés, profondément ancrés dans la certitude que c’est cela qu’il nous est demandé d’apprendre dans cette existence, afin de pouvoir vivre, puis de mourir en paix. Telle serait l’essence de notre mission de vie.

À celles et ceux qui vivent un deuil difficile, ce livre peut être une grande source de réconfort.